Changer l’eau des fleurs
de Valérie Perrin (publié en mars 2019)
(Livre présenté par Françoise Hurtaud)
Cela se passe dans une petite maison attenant au cimetière d’un petit village bourguignon, Violette Toussaint au nom prédestiné est la gardienne du cimetière, elle arrose les fleurs, enlève les mauvaises herbes mais aussi renseigne les visiteurs, beaucoup d’habitués viennent se confier à elle, l’équipe de fossoyeurs et le curé forment une petite famille autour d’elle car elle est seule, son mari a disparu du jour au lendemain et son unique fille repose dans le cimetière.
Violette ,avant d’arriver en Bourgogne était garde barrière dans le Grand Est et son mari Philippe Toussaint ,plus préoccupé à soulever des jupons que des barrières , partait sur sa moto comme bon lui semblait et revenait quand il en avait envie. Les parents de Philippe, surtout sa mère, avaient du mépris vis à vis de leur belle-fille qui arrivait de nulle part, abandonnée par sa mère à l’accouchement. Ayant vécu de foyer en foyer elle ne pouvait que s’accrocher à son mari qui lui fait un enfant, une petite fille au joli prénom de Léonine comblée d’amour par sa mère qui devient la plus heureuse des mamans, Léonine grandit au rythme des barrières qui se lèvent et descendent, de son père qui disparaît et réapparaît et de sa grand-mère qui a décidé de lui donner comme prénom Catherine car c’est plus joli dit-elle.
Les années passent. Léonine va l’école, l’été dans les calanques pendant les vacances, les sports d’hiver avec ses grands-parents où Léonine se fait une copine. La grand-mère, décide qu’aux prochaines vacances d’été Léonine alias Catherine partira avec son amie du sport d’hiver dans une colonie bon chic bon genre dans le sud de la bourgogne à La Clayette qui, pour celles ou ceux qui ne connaissent pas, est un charmant petit village avec son château et son excellent maître chocolatier !
Léonine est ravie de partir seule avec sa copine, elles s’installent dans ce château charmant mais vieillot prêtes à passer de merveilleuses vacances et malheureusement c ‘est le drame, le feu prend dans la chambre où dormait Léonine son amie et autres pensionnaires. Il ne reste que des cendres.
Les familles sont effondrées, une enquête est ouverte, le père de Léonine veut comprendre, pour cela il mène sa propre enquête et n’hésite pas à partir de plus en plus du foyer laissant Violette seule.
Entre-temps installés dans leur nouvelle fonction de gardien de cimetière, Philippe disparaît, Violette prévient la gendarmerie qui ne le retrouvera pas.
Et la vie s’écoule doucement quand, arrive de Marseille, un homme désirant exécuter les dernières volontés de sa maman, celle-ci voulant être aux côtés de son amant .Cet homme qui se prénomme Julien n’est pas insensible au charme discret de la gardienne du cimetière. Il est commissaire et ne peut s’empêcher de vouloir en connaître un peu plus sur la vie de Violette, sur la disparition de son mari et sur la mort tragique de Léonine.
L’auteur Valérie Perrin bourguignonne comme Violette nous invite à partager, avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, la vie de gens simples et discrets. Violette naît abandonnée et invisible, dans un monde dont elle ignore les codes, elle va les apprendre avec obstination ,connaître le sens des mots, se mettre à la portée des autres les écouter, ne pas les choquer, leur faire plaisir. Ce cimetière devient, grâce à elle, un lieu de vie et d’amour .Les croques morts et le curé qui entourent de leur protection et affection Violette, les chats abandonnés trouvant refuge chez elle, les visiteurs buvant une tasse de thé dans sa petite maison toute propre, pour parler de leur cher défunt et se confier, le potager cultivé avec soin, le cimetière sans mauvaises herbes chaque tombe visitée tous les jours, Violette n’en veut pas plus. La venue de Julien, ce commissaire de Marseille va tout changer, elle va grâce à lui éclore comme une fleur, s’ouvrir, abandonner son manteau noir de deuil pour laisser voir ses vêtements de jolis couleurs, elle va enfin s’ouvrir à la vie la vraie elle va continuer à donner de l’amour mais aussi et surtout, en recevoir. Et enfin découvrir les circonstances tragiques de la mort de sa fille et de son mari.
Françoise HURTAUD