Guerre et femmes
de Jocelyne Godard publié en 2011
(Livre présenté par Suzanne Courant)
Fresque historique en 6 volumes qui raconte à travers une saga de plusieurs familles les femmes, leurs vies, leurs exploits, leur courage, leur énergie et leurs efforts sur fond de guerre 14/18.
Tome 1 : 1914 La terre offensée
Tome 2 : 1915 Les familles éclatées
Tome 3 : 1916 L’odeur de la poudre
N’ayant pas eu le temps de lire dans le temps imparti, les 3 autres tomes suivants je vous les laisse découvrir.
1914 : la guerre n’a pas encore été déclarée mais elle est en fond de toile, on en parle certains y croient d’autres pensent qu’elle n’aura pas lieu, mais elle est déjà présente dans les esprits, pourtant les gens continuent à vaquer à leurs occupations.
Dans les campagnes, les semences se font, les moissons se préparent, les femmes vivent comme au moyen âge, dans beaucoup de fermes l’épouse sert le mari, mange debout et n’a pas droit à la parole même si souvent elles ont amené les terres en dot. Les filles sont sous la domination du père. Les unions se nouent rarement par amour, plutôt pour agrandir un patrimoine terrien.
A PARIS chez RENAULT les ouvrières mal payées revendiquent, elles travaillent plus de 12 h. Les féministes réclament le droit de vote, plus de justice et d’égalité.
Un jour, le tocsin sonne et les hommes entre 18 et 40 ans doivent partir avec diverses réactions certains la fleur au fusil d’autres déchirés quitteront les leurs dans le désespoir mais avec la certitude d’être rentrés pour Noël. L’assassinat de l’Archiduc d’Autriche avait été le déclencheur du conflit mais au-delà du jeu des alliances entre pays les causes de la guerre demeurent multiples.
Au début les femmes, avec cette mobilisation de masse, se sont retrouvées désemparées avec souvent de nombreux enfants à charge, encore sous le joug des hommes et laissées en dehors des affaires. Aux champs ou dans les vignes elles travaillaient déjà autant que les hommes mais comment faire fonctionner une faucheuse moissonneuse, comment prendre les rênes de l’usine ou de l’entreprise à l’arrêt comment conduire le tramway en ville, comment tenir le comptoir d’un bar.
Peu à peu elles s’organisent, une entraide s’installe, les lettres reçus du front sont censurées, elles n’imaginent pas ce qu’il si passe, ce n’est que lorsque les listes des « morts au champ d’honneur » vont s’allonger qu’elles vont prendre conscience de l’horreur de cette guerre qui ne finira pas de sitôt. Elles prennent les choses en main, s’occupent de leurs terres, les filles loin du joug paternel s’émancipent, partent à la ville, réclament le droit de se marier par amour.
Les femmes ne racontent plus rien de tout cela dans leurs lettres face au comportement des hommes qui se sentent spoliés, ils ont assez de souffrances.
Les quelques permissionnaires qui commencent à rentrer dans leurs foyers, ne racontent pas, l’horreur est inexprimable.
La Belgique ayant refusée le droit de passage aux allemands est broyée, des milliers de réfugiés se retrouvent sur les routes. Beaucoup de mères avec leurs petits sont accueillis dans des centres ou ils pourront reprendre des forces avant de repartir ailleurs.
1915 : Lourdes pertes en vie humaine, la guerre se durcit les 16/17 ans et les plus de 40 ans sont appelés. Une guerre de tranchées s’installe, celles-ci entourées de barbelés et consolidées étaient d’interminables boyaux ou toute une vie s’organisait, elles avaient pour fonction d’abriter les fantassins les « poilus » appelés ainsi parce qu’ils ne pouvaient se raser.
1915 : pour la première fois dans l’histoire l’armée allemande utilise des gaz chloriques mortels, il faudra un certain temps et beaucoup de pertes humaines avant que ne soit fourni aux soldats des masques protecteurs
1915 : Fondation d’un groupement de constructeurs d’armes portatives, l’usine Renaud se distingue en se plaçant en tête avant Citroën, Peugeot, Panhard, Lavasson, Blériot
1915 : Les zeppelins font des ravages en bombardant Londres et Paris. Les allemands disposent de gros cuirassés des » Dreadnoughts » qui attaquant les navires marchands neutres et les paquebots américains firent réfléchir les états unis sur une éventuelle participation à cette guerre.
1915 Les autorités vont fournir des casques solides pour protéger les têtes contre les éclats d’obus, afin d’éviter trop de trépanations. Création de la croix de guerre. Les prostituées vont avoir le droit de se rendre sur le front pour « soigner » les cœurs des soldats.
Dans les écoles primaires, chaque institutrice a quotidiennement l’obligation d’écrire au tableau la liste des morts du village qui ne cesse de s’allonger. Les leçons de géographie doivent porter sur les lieux des combats, la leçon de morale sacraliser le patriotisme. Le certificat d’étude n’est plus au premier plan puisque les 14/15ans partiront certainement à la guerre dans les années suivantes. Les enfants sont endoctrinés à la demande du ministre de l’instruction.
1915 : Dans les usines les femmes fabriquent les obus, dans les hôpitaux elles soignent les soldats, dans les champs elles font les labours et les moissons, dans les villes elles conduisent les autobus et les tramways, elles font marcher les commerces, ont repris les entreprises familiales.
1915 : Des ouvriers agricoles étrangers viennent de partout pour prêter main forte aux agricultrices françaises ayant des domaines suffisants pour les embaucher, les paysans restant éberlués devant une peau jaune ou noire qu’ils n’ont jamais vue. Certains resteront et feront souche en France c’est les prémices de l’immigration.
1915 : La guerre bouleverse les choses jusqu’à ôter la notion de péché, les fiancées n’hésitent plus à se donner à leur promis pendant les permissions il y tant de risques de ne plus les revoir et il faut redonner des enfants au pays.
Cette guerre est une boucherie, amputés, amnésiques, visages arrachées, mâchoires fracassées, la liste de ceux qui sont perdus pour la nation ne cesse d’augmenter.
Des marraines de guerre s’occupent des soldats sans famille, leurs tricotent des gants, des écharpes, envoient des colis selon leurs possibilités car il y a pénurie de sucre, de café, d’huile, de chocolat … A Paris, les femmes créent des « ouvroirs » lieu ou les plus démunies ou veuves de guerre, reçoivent nourriture pour elles et leurs progénitures en échange de travaux manuels effectués pour les soldats.
1916 : L’Allemagne déclare la guerre au Portugal dont les sympathies sont tournées vers l’Angleterre l’Italie après s’être rangée aux côtés de l’Allemagne rejoint les alliés contre celle-ci. Les Etats Unis menacent l’Allemagne de représailles si elle ne cesse pas sa guerre outrancière sous-marine. Le japon allié à l’Angleterre déclare la guerre à l’Allemagne. L’Afrique est mêlée à la guerre car les troupes franco anglaises ce sont emparées de la colonie allemande du Togo.
1916 : Apres la Champagne, la Marne, l’Artois, la Picardie vient Verdun, Les journaux titrent « VERDUN devient le gouffre de la mort » Le moral des combattants est atteint, les psychismes détruits, les illusions perdues la foi patriotique en déroute, les désertions sont multiples et punies de mort parce que les soldats perdent la tête quelques instants devant leurs camarades démantelés, écrasés, défoncés, gazés. Les permissionnaires se mettent à raconter les marches forcées, les nuits sans repos, les repas supprimés, les gardes de nuit sous les coups de canon, l’éclatement des obus, les corps déchiquetés des compagnons.
1916 Le gouvernement rémunère des jeunes filles pour prendre en charge les mutilés arrivant par wagons entiers pour les diriger vers les grands hôpitaux parisiens.
1916 : les femmes qui dans les usines ne cessent de fabriquer de l’armement se mettent en grève les syndicats se joignent à elles pour la première fois. La CGT s’oppose à la venue des travailleurs étrangers. Les pacifistes font entendre leurs voix.
1916 : Marie Curie met en place la première voiture radiologique, sillonnant le front ramasse les blessés, les radiographie et diagnostique la gravité du mal. On voit sur le front des ambulancières au volant de leur propre voiture qu’elles ont souvent appris à conduire seule et contre la volonté de leur mari. Des femmes ayant passé leurs brevets de pilote d’avion les rejoignent sur le front.
Elles rentrent dans des réseaux de renseignements, travaillent pour les services secrets.
1916 : La vie continue Coco Chanel remplace Paul Poiret qui ne s’est pas assez porté au-devant du modernisme, elle crée une femme nouvelle, indépendante, qui s’émancipe, les femmes ont volé les affaires des hommes.
A suivre
Cette Saga bien écrite avec une trame bien construite, bien documentée, nous emporte dans cette période de troubles de chapitre en chapitre faisant prendre conscience du rôle des femmes dans cette guerre.
Suzanne COURANT