La billebaude
De Henri Vincenot, publié en 1982
Présenté par Françoise Hurtaud
La billebaude, quel drôle de nom ! Si vous ouvrez le dictionnaire, sa signification est le désordre.
Si vous demandez à un bourguignon, chasseur de préférence, celui-ci vous répondra que la billebaude est une balade dans les bois avec un fusil sur l’épaule au cas où un gibier passerait par là.
L’auteur, Henri Vincenot nous raconte sa jeunesse. Fils d’un poilu mort en 14/18, il pas connu son père et est élevé par ses grand-parents dans un petit village entre Dijon et Beaune.
La vie est rude, ses grand-pères anciens compagnons du devoir sont artisans l’un est bourrelier l’autre après une retraite de conducteur de train a repris son activité de forgeron. Choyé par ses grand-mères et arrières grand-mères qui récitent des avé à longueur de journée tout en faisant cuisine et jardin, Henri passe une enfance heureuse.
Il n’a pas le temps de s’ennuyer, qu’il fasse beau ou mauvais, entre les travaux des champs, l’école laïque, le dimanche la messe où il est enfant de choeur surveillé par ses aïeules et enfin la chasse avec son grand-père Tremblot.
Tout cela raconté avec humour, amour et nostalgie mais le progrès avance à grand pas.
D’abord les moissonneuses qui font le travail de dix faucheurs, puis les voitures remplaçant les chevaux et les péniches équipés de moteur.
Le modernisme s’installe progressivement et inquiète notre auteur. Après avoir obtenu son bac avec succès, sa famille l’encourage à s’inscrire dans de grandes écoles, finalement il part à l’école d’HEC à Paris en se promettant de revenir plus tard dans son pays et restaurer un petit village abandonné découvert lors d’une billebaude.
Les récits hauts en couleur des chasseurs, le savon et la naphtaline embaumant la journée du dimanche, la visite de la cousine, nourrice, à Paris, la cueillette des plantes vendues aux herboristes, les interminables repas de fin d’année aux histoires savoureuses.
Et tout cela en roulant les r accompagné de ce merveilleux et truculent patois.
Grâce à ces souvenirs d’enfance, l’auteur nous transporte dans une époque qui n’existe plus et dans un terroir qu’il adore la Bourgogne.
Françoise Hurtaud